Nous recevrons le 11 mars 2023, Bernard Friot, sociologue et économiste, spécialiste de la question des retraites à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage intitulé Prenons le pouvoir sur nos retraites (La Dispute, 2023).

,Pour comprendre ce qui se joue avec cette nouvelle réforme des retraites, il faut d’abord revenir à l’histoire des pensions et comprendre comment elles se sont construites et pensées comme une continuation du salaire. Ainsi, cette conférence s’évertuera, dans un premier temps, à présenter l’histoire des retraites tout en distinguant et en définissant les différentes notions qui lui sont apparentées : le travail, l’emploi et le salaire. 
Ces bases étant posées, il sera possible de comprendre comment les différents systèmes de retraites se sont construits et pensés, non pas comme le différé des cotisations de carrière, mais simplement comme la continuation du salaire : sans emploi, les retraités ont droit au salaire. Contre l’idée d’un salaire attaché à la personne et donc fondateur d’un travail libre, le patronat a construit à partir de 1947, dans l’Agirc-Arrco, une toute autre logique de la pension comme revenu différé des cotisations de la carrière. Ainsi, se dessinera le second enjeu de la conférence : considérer avec recul le regard que les réformateurs successifs nous ont fait poser sur les retraites et, peut-être, en repenser le sens et les principes. 
Dès lors, après nous avoir présenté ce qui est convenu d’appeler « la réforme » depuis 1987, Bernard Friot pourra exposer ce qu’il considère comme « l’enjeu des retraites » : une occasion de repenser les liens entre salaire, emploi et travail, notamment par le renversement de la subordination du salaire au travail. 
Une conférence nécessaire pour comprendre les origines du projet de réforme actuel et s’y confronter en toute connaissance de cause.  

Y a-t-il une différence entre voyage et tourisme ? Existe-t-il une façon durable de parcourir le monde ? Peut-on être décroissant et en mouvement ? Le lointain doit-il le rester ? C’est à la méditation de ces questions que nous conviera Thierry Paquot, philosophe français et professeur émérite à l’Institut d’urbanisme de Paris.  

L’Office Mondial du Tourisme fanfaronne : les touristes sont de plus en plus nombreux et le cap des deux milliards sera prochainement franchit ? Que signifie qu’un Terrien sur quatre soit à un moment de l’année un touriste ? Une plus grande tolérance envers autrui ? Une ouverture d’esprit marquée par une curiosité sans limite et une disponibilité accrue envers ce qui nous est étranger ? Le tourisme n’est pas neutre. Il favorise une économie globalisée aux retombées locales minimes et banalise un néo-colonialisme de subordination généralisée… De même, croire que le hit-parade des « hauts lieux » de l’Humanité mis en place par l’Unesco stimulerait une « mémoire collective » aux fonctions éducatives se révèle un incroyable leurre. La multiplication des équipements standardisés (aérogares, hôtels, musées, fronts de mer et de fleuve, « quartiers historiques », etc.) et des coûteux « événements » (Jeux Olympiques, Expositions universelles, etc.) homogénéisent les sites, leurs temporalités et leurs spectacles. Le pic pétrolier et le dérèglement climatique appellent à une plus grande responsabilité envers le pourquoi et le comment des mobilités. Le tourisme est déjà responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre… Fautil, là aussi, décroître ? Il convient, à coup sûr, de rompre avec le tourisme massifié (et ses sous-produits que sont les tourismes sexuel, médical, équitable, durable…) et de privilégier le voyage et ses acclimatations progressives aux cultures que l’on découvre, plus lent, plus économe, plus attentif. L’être humain est relationnel, il serait aberrant de lui interdire de voyager ! Mais, compte tenu des nouvelles contraintes environnementales, il devient indispensable de repenser le proche et le lointain, ces deux aimants de toute boussole existentielle.

Credits photo : Nathacha de Mahieu, Theatre of Authenticity

Rendez-vous en janvier pour une plongée avec les cétacés !

Notre rapport aux animaux sauvages s’est longtemps appuyé sur une fréquentation très parcellaire de ceux-ci. Ils nous évitent le jour, se font ombres la nuit… quant aux animaux marins, nous n’en avons longtemps perçu qu’un moment infime de leur existence, lors de leurs passages à la surface, au point de rencontre des mondes humain et cétacéen. La technologie aidant, nous prenons enfin la mesure – depuis un siècle, à peine – de tout ce que nous ignorons encore de ces créatures qui nous entourent, et nous ont largement précédés sur Terre. A la connaissance froide et objective de leurs organismes échoués puis disséqués succède aujourd’hui une science fondée sur la rencontre d’individus vivants et, surtout, bien conscients. Nous ne cherchons plus à savoir comment ils fonctionnent, mais comment ils pensent : l’éthologie cognitive, qui a fait des bonds de géants chez les primates et les oiseaux, en est certes à ses balbutiements chez les cétacés, mais elle a déjà découvert des abysses, des mondes intérieurs animaux d’une profondeur insoupçonnée. C’est à l’exploration de ces profondeurs que vous invitera Camille Brunel, auteur d’un Eloge de la baleine paru aux éditions Rivages.

La première édition du Festival Enfance & Nature Arve Mont-Blanc aura lieu du 18 au 21 octobre 2022. L’événement, co-organisé par l’association Ide-ô / Le Lien Naturel et la Fondation Terra Symbiosis, a pour objectif de fédérer les différents acteurs de l’éducation autour de l’importance du lien à la nature.

Dans ce cadre et en ouverture du festival, une conférence grand public est proposée sur la vie et l’œuvre du philosophe norvégien Arne Næss. Ses travaux seront présenté par l’écrivaine Mathilde Ramadier qui lui a consacré plusieurs articles et ouvrages, dont Arne Næss. Pour une écologie joyeuse (Actes Sud, 2017). Elle est aussi l’auteure de plusieurs bandes dessinées dont une sur le sujet Et il foula la terre avec légèreté (avec Laurent Bonneau, Futuropolis, 2017).
Elle explorera avec nous la philosophie de l’écologie profonde par le prisme de ses
recherches et connaissances au regard de ce lien intime que vivent, sans le savoir, la
plupart des montagnards. 

La table ronde qui suivra sera animée par laPetite Université et permettra d’illustrer plus concrètement les propos de la conférence au travers de témoignages singuliers :  
– Nathalie Hagenmüller, guide de haute montagne, professeur de sport à la cité scolaire Frison Roche et membre du collectif des possibles ; 
– Sarah Cartier, gardienne de refuge et animatrice nature ; 
– Daniel Rodrigues, directeur de la Compagnie des Guides de Chamonix, accompagnateur moyenne montagne et photographe animalier.